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Chrétiens divorcés - chemin d'espérance Nancy Est

Les enfants face au divorce

25 Novembre 2014 , Rédigé par Thierry LEGRAND Publié dans #Contenu

Samedi 22 novembre, la pastorale des familles du diocèse de Reims a invité le père Jean Marie PETITCLERC, sdb, pour parler des enfants face au divorce de leurs parents.

En introduction, comme en conclusion d’ailleurs, soucieux de ne blesser personne, le père a rappelé la singularité de chaque situation et la souffrance sous-jacente. Il a demandé pardon pour toute parole qui serait maladroite, et nous a invités à réagir en tant que de besoin. Par ailleurs, au cours de l’exposé, il n’a pas hésité à prendre des exemples dans un autre cadre qu’il connaît bien également, l’éducation des enfants volet éducation nationale afin de dépassionner le débat. Il a débuté en nous présentant la philosophie de son association Valdocco, fondée en 1995 à Argenteuil (95) et qui vise à rejoindre l’enfant dans ses 3 champs de vie (famille, école et cité). Pour se faire, un soutien à la parentalité est organisé, basé sur des groupes de paroles et des services de médiation familiale. Cet appui se base sur 3 grandes étapes : communiquer / gérer (la situation) / accompagner l’après. Ce sont ces grandes étapes, dans le cadre d’un divorce, sur lesquels Jean-Marie Petitclerc est ensuite revenu de manière plus détaillée. Le divorce, s’il est un tsunami dans la vie des parents comme nous l’avons vu lors de notre rencontre avec le père Guy Delachaux, est également un ouragan pour un enfant. L’éclatement de la cellule familiale constitue pour lui un véritable traumatisme.

C’est pourquoi il importe de ne jamais banaliser le divorce, même si son occurrence augmente dans la société. Il faut aussi et surtout veiller à rassurer l’enfant : si ses parents ne s’aiment plus, le lien parent – enfant est lui un lien d’éternité.

Communiquer : une nécessité

Il est primordial de parler du conflit pour ne pas culpabiliser l’enfant, mais ces échanges doivent respecter la place de chacun (adulte versus enfants). Il ne faut pas instrumentaliser l’enfant dans le conflit, qui est un conflit d’adulte. Il importe de respecter l’intimité du couple et de ne pas y mêler l’enfant, ce qui est parfois plus facile en présence d’un tiers.

Gérer le divorce

Il ne faut jamais placer l’enfant dans un conflit de loyauté. Au contraire, il faut sauver la place de parent de l’autre, se réjouir des moments partagés par l’enfant avec l’autre parent. Il ne faut pas attendre que l’enfant dise du mal d’un parent pour se faire aimer de l’autre.

Sécuriser l’enfant

La priorité reste de sécuriser l’enfant :

• la séparation ne change rien dans la relation parent-enfant

• les enfants restent le fruit de l’amour des deux parents et de lui permettre de rester enfant. Responsabiliser l’enfant Il faut croire en l’intelligence, c’est-à-dire en la capacité d’adaptation à de nouvelles situations.

Etre juge, c’est être équitable, pas forcément égal. Les magistrats doivent toujours s’interroger pour savoir ce qui est bon pour l’enfant. La garde alternée n’est pas forcément la panacée car elle nécessite une communication pour qu’il y ait harmonie sur les règles de vie au quotidien. Il faut veiller à maintenir la communication au moment et après le divorce entre les deux parents. En effet, il est important de rester partenaires pour l’éducation de nos enfants, au risque de mener ces derniers à des conduites à risque afin d’obtenir de nous réunir (maladie, acte de violence).

Eg. Un enfant de 15 ans du foyer de Normandie commet un acte de violence grave dans le cadre d’un braquage raté. Cela ne colle pas du tout avec ce que le père Petitclerc connaît de l’enfant. Ce n’est qu’en voyant son sourire épanoui et sa décontraction une fois assis entre ces parents dans le bureau du juge qu’il comprend que l’enfant a fait tout ça pour voir ses parents réunis.

Accompagner l’après

Le ré-engagement des parents

Il faut imposer le respect. Permettre à l’enfant d’exprimer son ressenti et ses difficultés, être à l’écoute. Pour cela, il est primordial de prendre du temps, en dehors du nouveau conjoint, pour échanger avec ses enfants :

• pour faire tomber le cas échéant les obstacles qui n’en sont pas

• en sachant respecter l’enfant La présence d’un tiers de confiance (parrain, marraine, oncle, tante …) est importante également à cette étape.

Quant au nouveau partenaire, il doit s’inspirer des conseils donnés par le renard au Petit Prince :

1. ne pas se rapprocher trop vite

2. être présent, rapidement, pour que les enfants comprennent qu’ils peuvent compter sur nous

3. trouver la bonne distance

Avec les enfants de l’autre, le couple devient garant du vivre ensemble. Les règles doivent être définies conjointement entre les deux adultes et imposées. Le bien-vivre ensemble est important entre les enfants issus des deux fratries mais il ne se décrète pas. Il ne faut pas mésestimer le risque de trahison que peut ressentir un enfant par rapport à son frère / sa sœur absent(e) s’il partage de bons moments avec les autres enfants. Cela doit là encore faire l’objet de vigilance et d’accompagnement. Il faut être vrai, c’est-à-dire accepter la singularité de chacun. Les enfants de l’autre ne seront jamais comme les nôtres (on est dans de la construction pas dans une relation d’éternité). De manière générale, on n’éduque jamais pareil un enfant. Si les principes et les valeurs restent identiques, la relation elle est différente et singulière. Les enfants sont aimés autant, mais de façon différente.

Eg. Un enfant valide prend 5 minutes pour faire ses lacets, son frère handicapé 30 minutes. Le temps d’attention et de présence des enfants à leurs côtés doit donc être différent et proportionné.

L’éducation religieuse

Le divorce peut conduire à une crise de la foi pour l’enfant ou l’adolescent concerné. Certains enfants ont tellement prié pour que leurs parents s’aiment toujours qu’ils rejettent complètement Dieu. Il faut là encore accepter cette crise puis aider l’enfant à cheminer. La première relation du bébé avec le monde est la « toute puissance ». Il faut donc que les parents rassurent puis cadrent. Le monde ne doit pas tourner autour de la satisfaction de ses besoins. Parfois les enfants se construisent une image de Dieu en négatif de toutes leurs limites et ils appellent Dieu au secours quand ils sont en difficulté. Dieu ne serait que l’instrument de leur volonté. La perspective doit être inversé afin qu’ils grandissent. Pour ces enfants, lors de leur première épreuve (deuil, divorce …), ils découvrent que cette image de Dieu ne fonctionne pas, ce qui est également un vrai bouleversement. Le Dieu de Jésus-Christ (le bébé de la crèche et le crucifié du calvaire) accompagne l’homme sur son douloureux chemin d’acceptation de la « non toute-puissance ». Il faut témoigner de Dieu miséricordieux, qui croit toujours en l’à-venir, en eux. Et qui est toujours avec eux, même au jour les plus sombres, quand il n’y a plus qu’une paire de trace de pas sur le sable et pas deux, quand Dieu nous porte dans ses bras. Là encore, il faut accueillir l’enfant, être à l’écoute de son ressenti et de son émotion. Il faut poser la différence entre le pardon et l’oubli. Le pardon c’est conserver les choses en mémoire mais ouvrir l’avenir Il faut aussi veiller à éviter de poser des étiquettes sur les gens : « tu as menti mais tu n’es pas un menteur. »

D'après les notes prises par Marie Aude.

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